La 10e étape du Tour de France a régalé les amateurs de sieste, moins les amateurs de vélo et de sport
Une deuxième journée de repos, ou presque. La 10e étape du Tour de France a donné lieu à une interminable procession entre Orléans et Saint-Amand-Montrond. 187 kilomètres à lutter contre la lourdeur de nos paupières et contre l’ennui mortel de cette étape. Les audacieux n’étaient pas de sortie ce mardi. Tout juste trois coureurs belges sont-ils sortis du peloton avant le sprint intermédiaire pour gratter quelques points à Romorantin-Lanthenay – et encore, Maxim Van Gils s’est relevé avant de franchir la ligne. Si vous vous êtes assoupis, c’est déjà un peu de sommeil de gagné. En revanche, si vous avez réussi à repousser les assauts de Morphée, on vous tire notre chapeau, mais vous avez perdu votre journée.
Le tracé du jour n’était pas folichon. Le dénivelé positif de 950 mètres effrayerait à peine un coureur du dimanche. Une étape « plate comme un cookie ». Même pas une côtelette de quatrième catégorie pour pousser le maillot à pois Jonas Abrahamsen à sortir du bois. Tous les espoirs de spectacle reposaient donc sur la force et la direction du vent dans les 60 dernières bornes pour disloquer le peloton. Entre un bâillement et quelques étirements, on a voulu y croire. Certainement plus que de raison.
On a surveillé avec attention le décompte kilométrique jusqu’à la fameuse sortie d’Issoudun… Et rien. Le vent était à l’image de l’envie des coureurs : timide. Pas de bol, rien pour sauver les meubles. En dehors des 200 derniers mètres, on ne retiendra donc que l’imagination de la réalisation pour nous offrir la version « Lac des Cygnes » du duel Vingegaard-Pogacar.
Etape « un peu longue », soufflait du bout des lèvres Marion Rousse sur le plateau de France TV. Laurent Jalabert a embrayé en appuyant un peu plus fort sur les pédales : « Un peu ennuyeuse, c’est vrai. On n’a pas vibré, même pendant le sprint. » Le Belge Kobe Goossens s’est retrouvé totalement par hasard avec le prix de la combativité dans les mains sur le podium. Une récompense que, objectivement, personne ne méritait vraiment ce mardi, hormis les spectateurs restés éveillés malgré l’appel de la sieste. Seul Franck Ferrand s’est régalé…
Alors oui, on ne passe pas de Troyes, dimanche, au Massif central, qui égayera la journée de mercredi, en un claquement de doigts. Il faut de tout pour faire un monde, comme dirait l’autre, y compris des étapes de transition. On peut aussi entendre le point de vue du peloton, qui a préféré tourner les jambes tranquillement, sans se faire mal. Sandy Dujardin a bien apprécié de passer une journée sans batailler avec sa fracture du scaphoïde. En revanche, ne pas voir l’ombre d’un Yoann Offredo 2.0 nous offrir un semblant d’action fera sans doute réfléchir ASO, qui n’a évidemment pas envie de vendre un spectacle aussi lénifiant. L’attitude des coureurs poussera peut-être l’organisateur à revoir sa copie et à aller vers des parcours toujours un peu plus durs en ajoutant plus de difficultés, y compris sur des étapes de plaine. Le peloton finira sûrement par râler. Pourtant, c’est bien lui qui fait tout pour enterrer l’intérêt de ces journées.